Les expressions françaises et les erreurs qui y sont associées



"Les bras m'en tombent", "les yeux plus gros que le ventre", ces images-là sont le sel de langue. On les appelle "expressions idiomatiques". C'est un peu compliqué, mais ça veut juste dire qu'elles sont caractéristiques d'un idiome, d'une langue. Ca veut dire aussi qu'on ne peut pas les traduire littéralement dans une autre. Si vous dites à un Anglais "you've got a spider on your ceiling" - ça veut dire "vous avez une araignée au plafond"-, c'est vous qu'il va prendre pour un barjo. Ou alors, il va sortir son balai pour faire son ménage. Parce que chez lui, cette expression se dit "avoir des chauves-souris dans le clocher" ("to have bats in the belfry"), ou alors "avoir une abeille dans le bonnet" ("to have a bee in your bonnet").

Ces expressions sont dites "figées". Par exemple, on dit "Bernard est dans une colère noire", ou "il est rouge de colère". Mais il n'est jamais "noir de colère". On peut aussi dire "Muriel est verte de rage", mais elle ne sera jamais "verte de colère". Et on entend souvent beaucoup d'erreurs. Comme l'expression "retomber comme des soufflets". Mais l'expression, c'est "retomber comme un soufflé", cette délicieuse spécialité au fromage qui a tendance, éventuellement, à retomber. Mais ce n'est pas comme un "soufflet" pour la cheminée ou la gifle à la mode des petites filles modèles.

"Œil du cyclone" et "alternative"

On entend aussi souvent "le retour de l'enfant prodige", mais l'expression, c'est "le retour de l'enfant prodigue". C'est celui qui revient au domicile paternel après avoir dilapidé son bien, allusion à une parabole de l'évangile. J'ai entendu aussi récemment "Dustin Hoffman est dans l'œil du cyclone". Mais justement, l’œil du cyclone, c'est ce petit instant de répit, cette zone de calme au milieu de la tempête. Il s'agit donc d'un parfait contresens si l'on veut parler de quelqu'un qui est dans une mauvaise passe. 

Un petit rappel en bonus : on ne dit pas "il y a deux alternatives", à moins qu'il y ait quatre solutions. Parce qu'une alternative, ce sont déjà deux solutions. Moins connue, peut-être, la question de "soi-disant". Littéralement, ça veut dire "qui se prétend", "qui se dit". Donc, on ne devrait pas parler d'un "soi-disant château" ou d'une "soi-disant bonne affaire", puisque le château ou la bonne affaire ne peuvent rien dire. On peut parler d'un "soi-disant érudit", "d'une soi-disant actrice", mais pour les objets, on dira : "un prétendu château" ou "une prétendue bonne affaire". À noter que "soi-disant" est invariable.

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